Un mois avec… Ubuntu Budgie

Test de Ubuntu Budgie 32 bits

Je suis toujours très frustré de voir des tests de distributions faits à la va-vite, dans une machine virtuelle qui sera supprimée après la fin du tournage, avec la présentation en quelques clics des nouveautés, des plus et des moins et se focalisant souvent sur les performances brutes, mais plus rarement sur les détails nécessaires à un usage quotidien confortable. De plus, rares sont ceux qui testent dans la durée. Parfois, ils nous gratifient d'un petit «une semaine avec…», trois petits tours et puis s'en vont. C'est pourquoi j'ai décidé de lancer une série de tests de distributions libres sur une durée d'un mois chacune, afin de les éprouver dans le temps.

Aujourd'hui, je commence le cycle avec un jeune arrivant dans la famille des Ubuntu, à savoir Ubuntu Budgie (v16.10). Cette distribution possède la particularité d'être disponible en 32 bits, chose de plus en plus rare de nos jours. J'avais dans l'idée de tester une distribution sur une machine dédiée 64 bits, mais en définitive, j'ai voulu voir si cette distribution 32 bits tenait la route avant de la tester sur 64 bits.

J'ai donc récupéré un vieux Dell Intel Core Duo / 2 Go de RAM pour l'occasion, donc j'ai remplacé le disque à plateaux par un SSD flambant neuf, histoire de compenser les performances du processeur par une réactivité accrue de la mémoire de masse.

Référence pour les comparaisons

Je suis un inconditionnel d'Ubuntu Gnome. Il ne sera donc pas improbable que je compare les distributions testées avec ma référence personnelle.

Installation

Poids de l’image d’installation : 1,4 Go, ce qui est raisonnable, même si Ubuntu (standard) fait moins. Un petite clef USB de 2 Go fera donc l'affaire.

Simplicité de l’installation

L'installation est graphique et simple, disponible dans de multiples langues, même si lors de l'installation, la présentation des fonctionnalités est en anglais.

Seule ombre au tableau commune à certaines distribution Linux (notamment liées à Debian dans la plupart des cas rencontrés): la prise en charge de la langue n'est pas toujours parfaite et il arrive fréquemment que la session soit paramétrée en anglais, même après avoir choisi le français. Il faut donc se rendre dans le paramétrage des langues pour sélectionner la langue désirée.

Temps d’installation

Pour la version 32 bits avec installation des mises à jour, il faut compter 20 à 25 minutes.

Première impression

Boot

Le boot est élégamment masqué à l'affichage par un écran avec logo. Ça peut paraître anodin, mais voir des lignes défiler avec parfois du rouge ou des erreurs peut être stressant, surtout lorsqu'on ne connaît pas.

Design moderne

Le design est moderne et très inspiré du Mac. Plank est installé par défaut est parfaitement bien configuré et configurable. Cette interface est parfaite pour ceux qui sont issus du monde Apple et qui voudraient ne pas perdre trop leurs repères.

Ubuntu Budgie 16.04

Pour les autres, le design moderne et réactif est idéal pour redonner vie à une vieille machine qui traînait dans un placard. Il fait plus moderne que celui de Linux Mint. Cependant, un Intel Core Duo avec 2 Go de RAM est vraiment le minimum pour un usage bureautique quotiden agréable. Il vaut mieux opter pour 4 Go, si possible.

RAM/CPU au démarrage

Ubuntu Budgie est un peu gourmand en ressources comparé à d'autres distribution (Linux Mint, KDE Neon). Il faut compter 1 Go de RAM au démarrage, sans rien d'autre, ainsi que 20 à 30% de CPU (Intel Core Duo). Toutefois l'interface est fluide si la machine est pourvue d'un disque SSD.

Utilisation

Logiciels installés par défaut

Budgie étant majoritairement fondé sur une bibiothèque GTK, on retrouve la plupart des logiciels de GNOME, dans leur version officielle sous Ubuntu, à savoir Geary (courriel), Cartes, Agenda, Météo, mais aussi Firefox (et non Évolution) dans sa version la plus récente, et un certain nombre d'autres logiciels de configuration (éditeur de menu), ainsi que bureautique (LibreOffice). La musique est prise en charge par le complet et robuste Rhythmbox.

L'accent a été mis sur les fonctionnalités bureautiques. Il n'y a donc pas d'environnement de développement ou de jeu, ce qui explique le faible poids de l'image d'installation.

Installation de logiciels

L'installation des logiciels se fait par Gnome Software. L'interface est simple et intuitive. Elle gère les installations, désinstallations et mises à jour.

Gnome Software /Ubuntu Budgie

La bibliothèque d'Ubuntu Budgie ne possède cependant pas tout puisque VLC n'était pas disponible et qu'il a fallu que je l'installe en ligne de commande (apt…) mais elle reste toutefois bien fournie pour la plupart des usages.

Reconnaissance du matériel

Le matériel est généralement bien reconnu, même si le WiFi exotique et certains matériels Bluetooth restent muets. Il vaudra mieux tester la prise en charge en avant de l'installer.

Cependant, pour avoir testé plusieurs autres distributions, si Ubuntu Budgie ne reconnaît pas votre matrériel, il y a peu de chances que les autres le reconnaissent également. Il ne vous restera qu'à tenter votre chance avec OpenSuse ou Fedora.

Stabilité du système

Bien que récent, le système est stable. Il peut y avoir un petit message d'erreur (toutefois sans gravité) au premier lancement après l'installation (un logiciel obscur qui a cessé brusquement de fonctionner). Pour le reste, aucun problème à déplorer.

Mise à niveau

Étant à base Ubuntu, les mises à niveau Ubuntu Budgie sont calés sur celles de son proche parent, soit une tous les 6 mois (avril et octobre). Le mise à jour prend moins de 50 minutes sur une machine disposant d'un SSD.

La mise à jour est plus problémaique et sûrement liée à la jeunesse de la distribution. Tout d'abord parce que lors de la mise à niveau, on propose à l'utilisateur l'installation + configuration de Postfix qui n'est autre qu'un serveur de courriel. On peut se demander l'utilité d'installer Postfix sur un poste client.

Mise à niveau : Postfix

D'autre part, cette interruption peut être perturbante pour un novice qui ne saurait pas forcément quoi faire. Le plus simple est de ne rien configurer.

Mise à niveau : Posfix, pas de configuration

Mais cette proposition n'est pas conforme à un usage simple. Cette installation ne devrait pas être proposée et rester à la charge de celui qui en a vraiment besoin.

Après la mise à niveau, une petite frayeur : une des deux machines sur lesquelles Ubuntu Budgie était installé pour les tests a refusé de terminer son redémarrage. Après la fenêtre de connexion, impossible d'accéder à la session utilisateur. Il ne restait en lieu et place que le fond d'écran. Cette situation a nécessité un redémarrage brutal et tout est rentrée dans l'ordre.

Conclusion

Ubuntu Budgie est idéal pour un usage standard quotidien, assumé avec une élégance sombre. Il aura fière allure aussi bien sur une vieille machine que sur une plus récente. Si vous utilisez un portable, vos voisins lorgneront sur l'écran avec beaucoup de curiosité.

Malgré sa jeunesse, il bénéficie déjà de la robustesse de Ubuntu et peut être utilisé au quotidien. Seules les mises à niveau semblent encore fragile ce qui fait que l'usage au quotidien n'est pas conseillé pour un novice qui veut et doit avoir toute confiance en son système d'exploitation.

Il s'agit là d'une distribution de bonne facture, à surveiller de près.